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Comment mettre en œuvre l’Accord d’Escazú ? (Opinion)

La Colombie est un pays mégadivers, mais malheureusement, c’est aussi un pays qui connaît de nombreux conflits les problèmes socio-environnementaux liés à la surexploitation des ressources minières, pétrolières et agricoles qui met non seulement sa biodiversité mais aussi ses leaders environnementaux en danger, puisque la Colombie a été cataloguée par l’ONG Global Witness comme le pays le plus précaire pour les leaders environnementaux en 2021. Par conséquent, des accords comme celui d’Escazú sont des outils fondamentaux , puisque ce est le premier accord international juridiquement contraignant qui vise à garantir la mise en œuvre pleine et effective de la démocratie environnementale en favorisant la production d’informations et l’accès à celles-ci.

L’identification de mécanismes pour la mise en œuvre de l’accord en Colombie et la recherche d’exemples de la manière dont ils ont été mis en œuvre dans d’autres pays de la région peuvent accélérer la protection de l’environnement et des dirigeants sociaux. Bien que la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes fasse preuve d’un guide de mise en œuvre de l’Accord, il est important de souligner l’absence de certains mécanismes clairs pour l’application de ses principes. Pour cette raison, en 2021, le Dr Sofía López-Cubillos, chercheuse au Centre pour la biodiversité et les sciences de la conservation de l’Université du Queensland (Australie) et à la Fondation Manigua de la Terre (Colombie), mené une étude où il a réuni un groupe interdisciplinaire d’experts, principalement d’Amérique latine, pour identifier les principales dispositions de l’Accord pouvant être liées à des mécanismes spécifiques.

Cette publication souligne l’importance des mécanismes basés sur la technologie, les ressources humaines (par exemple, le système judiciaire, les ONG et les universités) et le capital naturel (ressources naturelles telles que les bassins versants) pour que l’accord d’Escazú remplisse sa fonction de garantie droit humain à un environnement sain. L’un des piliers d’Escazú est la participation des citoyens à la prise de décision environnementale. La recherche propose que pour mettre en œuvre ce pilier, des mécanismes technologiques et sociaux doivent être disponibles. Par exemple, tant l’utilisation des systèmes d’information géographique offerts par les instituts colombiens que la Humboldt et IDEAM doivent être renforcés, mais en même temps, la radio et la télévision dans les zones rurales sont essentielles pour la production et la diffusion d’informations sur l’environnement. Par exemple, Luis Felipe Henao Murcia, surnommé le « gardien de la jungle de Guaviare », a commencé à créer un environnement sérieux pour sa communauté dans la municipalité de Calamar. Il l’a d’abord réalisé grâce à une chaîne de télévision rurale qui s’est ensuite propagée sur les réseaux sociaux, principalement YouTube, réussissant également non seulement à éduquer de nombreux étudiants de la région, mais aussi à collecter des fonds pour planter plus de 30 000 arbres. Par conséquent, le gouvernement et les ONG doivent renforcer ce type de multimédia afin que l’information atteigne les zones reculées du pays.

Un autre des piliers fondamentaux de l’accord est l’accès à la justice et la protection des droits des défenseurs de l’environnement. L’accord d’Escazú contrebalancerait également les lois internationales qui protègent les intérêts des investisseurs étrangers. Par exemple, l’État colombien a déjà été poursuivi par des investisseurs Mineurs canadiens dans les processus de protection paramooui Dès lors, les mécanismes qui doivent être mis en place et aussi renforcés sont ceux basés sur les ressources humaines, puisque grâce à plusieurs ONG, les défenseurs de l’environnement ont pu chercher de l’aide dans le cadre légal pour accéder à la justice dans la résolution des conflits environnementaux. Le gouvernement doit en outre former des juges et même introduire un Juridiction spécialisée dans les questions socio-environnementales car de cette manière, les juges peuvent être formés dans des affaires impliquant à la fois les droits de l’homme et de l’environnement, avec les droits des investisseurs.

Enfin, il convient de noter que la grande biodiversité du pays et ses ressources naturelles transcendent ses frontières avec les pays voisins, notamment entre la Colombie, l’Équateur, le Pérou et le Brésil (carte A), le jaguar étant un bel exemple d’espèce transfrontalière. De même, la Colombie partage de grands bassins hydrographiques avec tous ses pays voisins, en particulier le bassin amazonien (carte B). Par conséquent, ce qui se passe à l’intérieur ou à l’extérieur de la Colombie dans les bassins peut avoir de graves répercussions, comme la construction de barrages, qui fragmentent les rivières et donc la migration des espèces dans tout le bassin transfrontalier. Renforcer les mécanismes de coopération avec les pays voisins, qui sont donc indispensables pour prendre soin de nos ressources.. Surtout, les pays doivent standardiser les études d’impact environnemental dans la région. Donner une continuité au programme trinational développé par le Fonds mondial pour la nature en 2008 appelé « Putumayo Tres Fronteras », qui a assuré la protection du bassin du fleuve Putumayo entre l’Équateur, le Pérou et la Colombie, serait un grand pas. Pour que le bassin amazonien colombien ait plus d’espoir, la coopération entre le gouvernement colombien et le gouvernement Lula au Brésil est importante, puisque ce dernier détient la grande majorité du bassin. Cependant, il est important de souligner la coopération entre les formes politiques décentralisées des peuples autochtones qui habitent le bassin des deux pays et leur protection respective. Ces populations autochtones pourraient travailler ensemble et se réfugier dans le cadre de l’Accord d’Escazú au cas où les gouvernements centraux ne respecteraient pas leur devoir de garantir le droit à un environnement sain.

*PhD Gestion de l’environnement – Université du Queensland (Brisbane, Australie)

Centre pour la biodiversité et la science de la conservation à l’Université du Queensland

Fondation Manigua de la Terre

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