Porté par le Costa Rica et le Chili, l'accord a été signé en 2018 par 24 pays après six ans de négociations ardues.  Image de référence.

Le Costa Rica, pays promoteur de l’Accord d’Escazú, décide de l’archiver

Ce mercredi, le congrès costaricien a laissé mourir mercredi l’option de ratifier l’Accord d’Escazú. Une contradiction dans un pays qui se targue d’être à la pointe de la défense des droits de l’homme et de l’environnement, selon des députés de gauche qui réclamaient une ratification ou du moins une prolongation de la durée des débats.

29 voix sur 57 étaient nécessaires pour valider la motion de prolongation du mandat, mais elle a été rejetée par l’Assemblée législative par 41 voix contre, 11 pour et une absence. (Lire : Ils accusent Shell de gonfler les chiffres d’investissement dans les énergies renouvelables)

« C’est un signe terrible pour le pays en interne car c’est le signe qu’une majorité de députés à l’Assemblée législative n’ont aucun intérêt à protéger les droits fondamentaux en matière d’environnement à l’avenir », a déclaré à l’AFP le député Jonathan Acuña, du parti de gauche. Front large, sur les 11 qui ont voté pour l’extension.

« Nous sommes passés d’un pays à la pointe en matière d’environnement à un pays qui n’a même pas approuvé d’accord international sur les droits minimaux », a écrit le législateur sur Twitter.

Les négociations de l’accord ont culminé en mars 2018 par 24 pays à Escazú, un district de San José. Il a été signé à New York en septembre 2018 dans le cadre de l’Assemblée générale des Nations Unies.

L’accord garantit l’accès à l’information sur les questions environnementales, le droit de participation des citoyens aux décisions qui affectent l’environnement et la protection des défenseurs de la nature. (Lire : L’Indonésie utilisera l’intelligence artificielle pour faire face aux inondations)

Elle a déjà été ratifiée par 14 pays : Antigua-et-Barbuda, Argentine, Bolivie, Colombie, Chili, Équateur, Guyane, Mexique, Nicaragua, Panama, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les Grenadines et Uruguay.

Opposition à Escazú

Les principaux arguments des opposants à l’accord d’Escazú étaient que le Costa Rica avait déjà sa propre législation en matière de défense de l’environnement et que, si elle était ratifiée, elle retarderait la reprise économique après la pandémie de covid-19.

La députée sociale chrétienne Melisa Ajoy, qui a voté contre, a souligné sur Twitter qu’en raison de la « législation robuste en la matière, il ne semble pas nécessaire d’appliquer le mandat de quatre ans pour la prolongation de l’accord Escazú ». (Lire : Investissement de 8 millions de dollars américains annoncé pour récupérer la Ciénaga Grande de Santa Marta)

La députée Carolina Delgado, du Parti de libération nationale (PLN), une formation traditionnelle costaricienne, a également voté contre, arguant dans un tweet que l’accord « fait fuir les investissements, crée une insécurité juridique, renverse la charge de la preuve et permet à un projet d’être bloqué. » sans moyens de subsistance. »

« Le Costa Rica dispose d’un vaste cadre juridique pour la protection de l’environnement pour lequel nous sommes reconnus. Son approbation n’est pas nécessaire », a ajouté le législateur.

Le président du Costa Rica lui-même, Rodrigo Chaves, avait exprimé son désintérêt pour l’accord dès sa prise de fonction en mai dernier. Des hommes d’affaires se sont également opposés à sa ratification.

« Le secteur privé doit être calme que l’accord d’Escazú ne soit pas à l’ordre du jour du gouvernement […]Je ne pense pas que ce soit bénéfique pour le pays », avait-il déclaré à l’époque. Selon Chaves, s’il était ratifié, la reprise économique après la pandémie serait retardée « de manière injustifiée ».

« Erreur historique »

Parmi les universitaires et les écologistes, il y avait une déception quant à l’envoi de l’accord aux archives. « Je ne comprends pas pourquoi le Costa Rica n’a pas ratifié le traité d’Escazú. Le Costa Rica est considéré comme un chef de file dans le domaine de l’environnement et des droits de l’homme, cet échec est donc atypique », a déclaré le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme et l’environnement, David R. Boyd.

« Escazú est un traité important et doit être ratifié par le Costa Rica immédiatement », a ajouté Boyd sur Twitter. L’ancienne législatrice et politologue costaricaine Paola Vega a réagi en déclarant que la décision du Congrès est « une erreur historique ». (Lire : « La différence d’émissions entre les riches et les pauvres est disproportionnée »)

« Nous venons de gâcher des décennies de leadership environnemental. Merci à la fraction Frente Amplio d’être la seule à avoir voté pour ! », a souligné l’universitaire de l’Université du Costa Rica.

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