Les poèmes peuvent nous inciter à apprécier la nature et à susciter des actions positives – la nouvelle anthologie de Simon Armitage fait les deux

Les poèmes peuvent nous inciter à apprécier la nature et à susciter des actions positives – la nouvelle anthologie de Simon Armitage fait les deux

Étang Thananat/Shutterstock

Les poèmes peuvent nous inviter à apprécier la beauté qui nous entoure, tout en nous incitant à agir pour la protéger. Blossomise, un recueil du poète lauréat britannique Simon Armitage, célèbre l'arrivée du printemps et l'importance de la nature dans nos vies.

Cette anthologie comprend 21 poèmes, dont 11 haïkus, de courts poèmes de trois lignes qui capturent l'essence d'un moment, impliquant généralement la nature. Le haïku japonais traditionnel se compose de trois lignes avec un modèle de 5/7/5 syllabes, mais les adaptations modernes utilisent souvent moins de syllabes et ne respectent pas strictement cette structure.

Les haïkus de Blossomise reflètent les préoccupations contemporaines concernant la crise climatique, décrivant la manière dont le changement des saisons affecte les éléments naturels et soulignant subtilement les signes d'un changement climatique. Ces haïkus servent de nettoyants pour le palais entre les poèmes plus longs, tout en tissant le recueil avec leurs réflexions succinctes sur les transformations de la nature. Tout au long de ce recueil, l'appréciation de la nature est magnifiquement équilibrée par un appel à l'action environnementale.

Armitage est depuis longtemps un défenseur des thèmes environnementaux. Son œuvre précédente, In Praise of Air, présente un poème imprimé sur une bannière de 20 mètres de haut montée sur un bâtiment surplombant la route très fréquentée A57 à Sheffield. La bannière utilise la nanotechnologie pour « manger les polluants » et purifier l’air, mêlant art et écologisme.

En 2019, Armitage a également fondé le prix Laurel, un prix annuel pour la poésie sur la nature ou l'environnement, afin de sensibiliser aux problèmes climatiques, en faisant don chaque année de son honoraire de lauréat de 5 000 £ au prix en argent.

Blossomise poursuit ce plaidoyer en présentant la nature comme une présence constante dans nos vies, en soulignant que les fleurs et la nature devraient être accessibles à tous, et pas seulement aux quelques privilégiés qui peuvent visiter des espaces protégés. Ce faisant, Armitage dépeint de manière vivante la nature entrelacée avec la vie urbaine.

Dans The Spectators, il fait référence aux « abeilles perdues essayant les mauvaises portes », et dans Plum Tree Among the Skyscrapers, il écrit :

Pauvre Cendrillon
fouiner à propos de
dans du terreau
des boîtes de hamburgers
et des poppers éclatés

Ces poèmes nous rappellent que la nature prospère partout autour de nous, même dans les endroits les plus inattendus. Cette universalité de la nature souligne la nécessité d’agir pour le climat en tant que question de justice sociale. Protéger et préserver la nature ne devrait pas être un luxe, mais une responsabilité partagée. En veillant à ce que chacun ait accès aux espaces naturels, nous pouvons favoriser un lien plus profond avec l’environnement et, par là même, une cohésion sociale accrue et une volonté collective de lutter contre le changement climatique.

Dans un poème intitulé Birthday, Armitage imagine un monde où la nature prospère grâce à notre soutien, et nous rappelle ce que nous devrions peut-être ressentir lorsque ce n'est pas le cas :

La planète Terre en mode fête,
pétales pétillants et moussants
comme du champagne rosé.
Puis la nature a marché avec moi
dans le parking,
a levé le bandeau
et m'a montré un cerisier
adapté à l'âge.
Embarras. Rage.

Cette gêne et cette colère reflètent une profonde conscience de nos défauts et un appel à l'action. La poésie d'Armitage nous rappelle que la lutte contre la crise climatique ne consiste pas seulement à préserver la beauté, mais aussi à garantir l'équité et la justice dans notre relation avec le monde naturel.

Ces poèmes nous rappellent également que la nature persistera au-delà de nous, comme le montre son haïku Le Cerisier sauvage :

Le cerisier sauvage m'a abandonné,
puis m'a apporté des fleurs,
puis il m'a encore largué.

Un exemple frappant de cette résilience est celui de Fukushima. Après la catastrophe nucléaire de 2011, les humains ont abandonné la zone et la nature a commencé à reprendre ses droits.

couverture de livre illustrée avec des fleurs, titre Blossomise Simon Armitage, illustré par Angela Harding
Blossomise est une nouvelle anthologie qui inspire la connexion avec la nature et l'engagement émotionnel face au dérèglement climatique. Conception par Faber. Illustré par Angela Harding., CC BY-ND

La flore et la faune ont prospéré en l'absence d'activité humaine. Des sangliers, des oiseaux et même des espèces rares sont revenus dans la région. Cette résurgence met en évidence la capacité de la nature à se rétablir et à perdurer, même face à des événements catastrophiques.

Blossomise suggère une réalité essentielle : bien que les actions humaines puissent nuire considérablement à l'environnement, la nature possède une capacité remarquable de récupération et d'endurance. La nature survivra à l'humanité, ce qui souligne l'importance de la chérir et de la protéger tant que nous le pouvons. Ce point de vue promeut la gestion environnementale à la fois comme un devoir et un honneur, visant à garantir que les générations futures puissent découvrir et apprécier la résilience durable de la nature.

La prérogative du poète

Cette perspective s'inscrit dans la lignée du rôle que les poètes peuvent jouer dans la lutte contre la crise climatique en rendant le problème plus pertinent et plus impactant émotionnellement. Le recueil évoque un sentiment de nostalgie pour la nature, exhortant les lecteurs à apprécier et à protéger le monde naturel. L'œuvre d'Armitage perpétue la riche tradition de la poésie britannique sur la nature, en intégrant les changements environnementaux de notre époque à des réflexions personnelles.

En suivant les traces de poètes tels que John Clare, qui a capturé les détails complexes de la campagne, et Ted Hughes, qui a exploré la puissance brute du monde naturel, Armitage apporte un regard contemporain sur cette tradition.

Plus récemment, des poètes comme Alice Oswald et Kathleen Jamie ont également contribué à décrire la beauté et la fragilité de l’environnement, en mêlant observations de la nature et une profonde conscience de sa vulnérabilité.

Les poèmes d'Armitage dans Blossomise s'inspirent de cette lignée, offrant un commentaire poignant mais subtil sur le changement climatique. Il évite de prêcher, préférant tisser des expériences personnelles avec des thèmes écologiques plus larges. Cette approche rend sa poésie accessible et favorise une connexion émotionnelle plus profonde avec le lecteur, soulignant la valeur intrinsèque de la nature et la nécessité de sa préservation.

À travers ses vers évocateurs, Armitage nous invite à considérer le monde naturel non seulement comme une toile de fond pour l’activité humaine, mais comme une présence vitale qui exige notre respect et nos soins.


Sam Illingworth, professeur de pédagogies créatives, Université Napier d'Édimbourg

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