Les goélands britanniques contribuent à la pollution plastique dans les zones humides européennes
Des chercheurs espagnols ont découvert que les mouettes en provenance de Grande-Bretagne transportent des quantités importantes de déchets plastiques des décharges vers les principales zones humides.
Les menaces que représente la pollution plastique pour les environnements marins sont connues depuis longtemps, mais cette étude jette un nouvel éclairage sur les problèmes potentiels auxquels sont confrontés les sites d'eau douce. Un article récemment publié par la station biologique de Doñana, du Conseil scientifique espagnol (CSIC), en collaboration avec le British Trust for Ornithology (BTO), montre comment les oiseaux qui se nourrissent dans les décharges ingèrent des quantités importantes de plastique et d'autres débris, puis déposent plus tard ces fragments indigestes lorsqu'ils se perchent dans des zones humides naturelles.
Les goélands, comme les rapaces et les hiboux, régurgitent des boulettes contenant souvent des arêtes de poisson, des plumes et d'autres éléments non comestibles. Cependant, les oiseaux qui se nourrissent dans les décharges à ciel ouvert ingèrent souvent du plastique, du verre et des textiles en plus des déchets alimentaires humains. Et même si nous savons que l'ingestion de ces polluants peut causer de graves dommages directs à la santé des oiseaux, cette recherche montre que les problèmes pourraient avoir un impact écologique bien plus important que prévu.
L'étude s'est concentrée sur les goélands marins à dos noir, un oiseau hivernant commun en Andalousie, dans le sud-ouest de l'Espagne. Les oiseaux, qui avaient été équipés de balises GPS dans des sites de reproduction au Royaume-Uni, notamment dans des colonies de Cumbria et de Pembrokeshire, ont été surveillés alors qu'ils se nourrissaient dans les décharges et se rendaient dans la réserve naturelle du lac Fuente de Piedra, à Malaga, pour se percher et se baigner. Les granulés rejetés par les goélands ont été collectés dans le lac et 86 % d'entre eux contenaient des plastiques. Les chercheurs ont révélé qu'environ 400 kg de plastique sont déposés chaque hiver par les goélands dans le lac, célèbre pour sa colonie de flamants roses.
Une fois dans le lac, ces plastiques n’ont nulle part où aller et finiront par se décomposer en microplastiques, causant ainsi d’éventuelles menaces à long terme pour d’autres espèces sauvages et pour l’environnement en général.
Le professeur Andy Green, auteur principal de cette étude, a déclaré : « Lorsque nous jetons des plastiques, certains d’entre eux sont susceptibles d’être transportés par les oiseaux dans les zones humides. C’est une autre raison pour laquelle nous devons réduire la quantité de déchets plastiques que nous produisons. »
Partout en Europe, les goélands se nourrissent abondamment dans les décharges et autres sites de déchets, avant de se diriger vers les zones humides, les lacs et autres lieux d'eau douce pour se percher.
Chris Thaxter, chercheur principal en écologie au BTO, a déclaré : « Cette étude suggère que la translocation de plastiques nocifs pourrait être plus répandue et problématique que nous le pensions. Les goélands sont très mobiles et agissent comme des biovecteurs très efficaces, transportant ces polluants sur des distances considérables, ce qui constitue une menace supplémentaire pour les habitats importants des zones humides du monde entier. »